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GIS Gestes

Électricité

ÉLECTRICITÉ

 

Électricité

Courant

Sorte de foudre

Ça ne se voit pas

Ça ne se sent pas

Ça ne s’entend pas

Il y a des règles à respecter

Un casque pour les chocs, un tapis pour les courts-circuits

Un pantalon, une veste et des chaussures pour la sécurité

Une caisse à outils : marteau, mètre, pince à dénuder, tournevis

Un tableau électrique, un télérupteur, une perceuse, une visseuse

Des sons électriques ou imperceptibles

Une motivation sans faille

Pour passer des câbles sans disjoncter

Des câbles aux couleurs de Paris 

Du bleu pour le neutre et du rouge pour la phase

Des câbles de terre aux couleurs de l’herbe et du soleil

Pour rallumer les lumières

Ramener cette énergie invisible

Indispensable

Électricité

Classe de seconde Métiers des Transitions numérique et énergétique
Lycée Jean Mermoz - Montsoult

Électricité

LE REGARD DE CLAIRE EDEY GAMASSOU SUR « ÉLECTRICITÉ »

Habituée à marcher dans des estives de moyennes montagnes, l'absence de barrière ou de passage prévu pour les randonneurs et randonneuses me confronte fréquemment à la dangereuse invisibilité du courant électrique.

« Ça ne se voit pas

Ça ne se sent pas

Ça ne s’entend pas »

nous rappellent les 24 élèves de la classe de seconde professionnelle « métiers des transitions numérique et énergétique » du Lycée Jean Mermoz à Montsoult. Rien n'annonce qu'il y a du courant dans la barrière, et pourtant, parfois - trop souvent diront les vacanciers - y en a ! Plus de peur que de mal en général, mais ces situations rappellent que là où il y a de l’électricité, il peut y avoir danger.
Les élèves mettent d’ailleurs en scène, en creux, ce danger, en listant dans leur poème des équipements de protection

« Un casque pour les chocs, un tapis pour les courts-circuits

Un pantalon, une veste et des chaussures pour la sécurité ».

Cette liste, qu’on entendrait presque scandée, figure parmi les neuf tableaux de mots qui défilent dans une vidéo de cinquante secondes, habillés de sons enregistrés en atelier électrotechnique. Cette vidéo en noir, blanc et gris constitue le rendu final d’un travail dont le fil a aussi traversé des cours d’histoire et géographie, d’arts appliqués et de lettres. Entre les sons enregistrés et le travail typographique, un atelier avec un écrivain a contribué à passer des mots aux syntagmes qui composent cette poésie audiovisuelle, à forger le texte.

Cette production artistique, graphique, littéraire, numérique, ne relate pas uniquement les conditions de travail, les « règles à respecter », mais aussi l’attitude de celles et ceux qui travaillent, leur« motivation sans faille », et le sens de leur travail ; grâce à ces professionnel.es, « les câbles » permettent dans le pénultième tableau de « rallumer les lumières ».

En 119 mots et 21 lignes, rassemblés en 9 tableaux, les métiers discrets et essentiels qui manipulent la fée électricité sont évoqués avec sobriété à travers un inventaire technique :

« Une caisse à outils : marteau, mètre, pince à dénuder, tournevis

Un tableau électrique, un télérupteur, une perceuse, une visseuse »

entre des mains expertes deviennent des vecteurs de vie. Au commencement est l’Electricité, d’abord assimilée à la foudre, phénomène météorologique inquiétant. Par le pouvoir des gens du métier, cette « énergie invisible », à travers une puissante antépiphore, est affirmée comme domptable mais surtout, comme indispensable. Qui, alors que des scénarios de délestage sont en préparation, oserait le contester ?

Claire Edey Gamassou est maîtresse de conférences en sciences de gestion à l'Université Paris-Est Créteil (laboratoire IRG).