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GIS Gestes

Introduction

Le Prix "Ecrire le travail, écrire les métiers", toute une histoire

En 2015, le bureau du GIS Gestes, alors encore Domaine d’Intérêt Majeur de la région Ile de France, a imaginé un dispositif pour aller à la rencontre des jeunes autour du thème du travail. Patrick Souchon, conseiller livre et lecture-écriture, archives à la Délégation Académique à l’éducation artistique et à l’Action Culturelle et les inspecteurs et inspectrices du corps d'Inspection de lettres, en particulier Olivier Combault et Corinne Leenardt, ont accueilli cette initiative avec enthousiasme et trois éditions du prix Ecrire le travail ont été organisées qui ont réuni à chaque fois une vingtaine d’établissements généraux ou professionnels. Au cœur de ce projet, il y a la mise en relation d’enseignants chercheurs volontaires, disposés à intervenir dans les établissements avec les enseignants ayant inscrits leurs classes. A chaque édition, une quinzaine d’enseignants chercheurs et enseignantes-chercheures de différentes disciplines et établissements se mobilisent. Lors de la 3ème édition du projet sous ce format d’origine, en 2018, nous avons souhaité permettre à ces expert.es investi.es auprès des classes de se réunir et échanger sur les productions déposées par les établissements. Cette année-là, grâce au soutien financier de la Fondation Syndex, des chèques lire ont pu être attribués aux élèves des 4 classes primées par le jury académique et partenarial ainsi qu’à la classe dont le jury du Gestes et de l’association Ecrire le travail a souhaité distinguer le travail.

A l’automne 2019, après une pause d’une année et suite à la réforme de la voie professionnelle, Patrick Souchon a proposé au GIS Gestes de reprendre le projet sous une nouvelle forme. Au cours des échanges avec Valérie Legallicier et de Bruno Girard, inspectrice et inspecteur de l’éducation nationale lettres-histoire, puis depuis la rentrée 2021, avec Frédérique Servan, et la nouvelle co-direction du GIS Gestes, le Prix-Programme Ecrire le travail, écrire les métiers est né. Au cœur du projet, toujours l’écriture créative autour du travail et la possibilité de demander à un ou une experte de ces questions d’intervenir. Mais l’ensemble du dispositif évolue et prend en ampleur avec l’organisation de formations pour les enseignants et l’accompagnement rapproché des enseignants par la DAAC qui coordonne les actions des autres partenaires, la Maison des Ecrivains et la BNF.

L'édition 2021-2022 sur le thème visible/invisible

En 2022, neuf interventions de chercheurs ou chercheuses ont été organisées. Maëlezig Bigi, Gaëtan Bourmaud, Claire Edey Gamassou et Muriel Prévôt-Carpentier, Aurélie Jeantet, Annie Jolivet et Claire Lemercier ont été contactées et ont passé une demi-journée avec des élèves et leurs enseignant.es pour parler de la façon dont chacun.e aborde les questions du travail, en lien avec le thème de cette année, le visible et l’invisible. Serge Volkoff mais aussi Gregor Bouville, Héla Yousfi et Jérôme Pélisse, qui s’étaient également porté volontaires, n’ont pas été sollicité mais ils ont tenus à prendre connaissance de toutes les productions déposées et nous nous sommes réunis deux fois pour désigner celles que nous souhaitons distinguer.
Huit productions nous ont particulièrement touchés et sont présentées dans cette exposition ; en effet, depuis l’automne 2020, grâce au travail d’une archiviste numérique, Delphine Grognet, les productions lauréates du jury des chercheurs et chercheurses sont mises en ligne, suivies d’un texte rédigé par un des membres du jury, sur un espace d’expositions et d’archivage en ligne destiné aux étudiants et chercheurs en sciences humaines et sociales, Nakalona. l’automne prochain, ces huit créations rejoindront celles de l’édition 2020 sur une exposition en ligne dédiée au Prix Ecrire le travail, écrire le métier
Deux de ces huit productions se sont distinguées par leur caractère abouti et méritent d'être citées ici : "Ce que les machines ne disent pas", un recueil de photos/poèmes réalisé par une terminale CAP Installateurs thermiques (TMIT)et une seconde CAP Constructeurs de route (CR) du lycée Lavoisier de Porcheville, et "Qu'est-ce qu'il y a sous la croûte", une vidéo réalisée par une seconde professionnelle boulangerie-pâtisserie du lycée d'hôtellerie et de tourisme de Guyancourt.

Quelques mots encore pour dire la richesse de la rencontre entre chercheuses et chercheurs du GESTES et les élèves, collégiennes, collégiens, lycéennes et lycéens. C’est d’abord une rencontre en chair et en os, un moment pris en classe pour faire un pas de côté, prendre le temps de réfléchir différemment au travail, et partager des représentations du monde. L’autre rencontre, c’est celle qui est médiatisée par les productions des élèves. La lecture, l’écoute, le visionnage de tous ces travaux, pour la plupart réalisés collectivement, suscite l’étonnement, le plaisir, la joie, l’indignation. Les élèves parlent du travail avec leurs espérances, leurs craintes, leurs préjugés, leurs connaissances techniques, leur amour du métier qu’ils apprennent. Ils parlent de sujets brûlants, l’égalité femme/homme, la pénibilité, le besoin de reconnaissance. En somme, ces productions, quel que soit leur niveau d’aboutissement (souvent élevé), quelle que soit leur forme, propose un regard créatif et subjectif sur le travail, et donnent aussi souvent l’occasion de montrer le travail en train de se faire. Les qualités de ces productions justifient pleinement qu’une partie d’entre elles trouvent place aux côtés des archives de recherche du réseau du GESTES, car le travail est un vrai sujet, qui s’étudie, se réfléchit, mais dont chacune et chacun peut et doit s’emparer, tant il est central dans nos vies.

Claire Edey Gamassou, enseignante-chercheuse en sciences de gestion, membre du GESTES, présidente de l'association "Ecrire le travail"
Blandine Charrier, coordinatrice du réseau de recherche du GESTES