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Vente capitale

Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021 Écrire le travail, écrire les métiers 2020-2021

Élèves de Première Bac pro Vente LPO Marguerite Yourcenar de Morangis : Jamil, Bonheur, Manon, Rayan, Mustafa, Anthony, Emma, Kévin, Diarra, Estéban, Habib, Lionel, Alexandre, Slowan, Kanimplon, Elena, Dylan, Gaillard, Kévin, Djibril, Martin, Leny, Vincent, Loan, Clément, Elmeki, Lorinn, Amadou, Ousmane et Sara.

Équipe pédagogique : Alexandre Baron

LE REGARD DE CLAIRE VIVES SUR « VENTE CAPITALE »

Le travail des élèves de Première vente du lycée Marguerite Yourcenar a touché la lectrice avant d’intéresser la sociologue.

« Vente capitale » c’est d’abord une très belle photographie qui dit beaucoup du travail de lycéennes et de lycéens et ouvre beaucoup de pistes de réflexion sur la thématique « proche / lontain ». Ensuite, viennent les textes du recueil. Les différentes sections s’ouvrent avec chacun des textes du poète Jean-François Bory dont les élèves se sont inspirés. Leurs textes individuels ou collectifs abordent différentes facettes du travail et du rapport au travail.

Ces textes se lisent mais aussi s’écoutent et se regardent. Ils donnent le sourire parce qu’on y sent la jeunesse, la spontanéité, l’humour et l’auto-dérision. Et chaque lecture est l’occasion de nouvelles découvertes.

Ces textes sont aussi très touchants et riches en raison de tout ce que leurs autrices et auteurs y livrent : sur leurs représentations de leurs futurs métiers (les professions du commerce), sur leurs premières expériences professionnelles et sur leurs attentes à l’égard du travail. 

Grâce à leur humour tout autant que grâce à leur connaissance de ce milieu professionnel, leurs textes offrent un point de vue original et complexe sur l’activité de vente. Ils nous disent les multiples facettes voire les contradictions de ce secteur. D’un côté, l’omniprésence des marques et l’invasion d’un vocabulaire indigène, la nécessité se conformer aux règles et de savoir « parler aux clients… parler au patron ». De l’autre, le rôle déterminant de la confiance interpersonnelle. S’il s’agit bien en faisant une vente de gagner de l’argent, ils nous disent aussi leur envie de faire un métier utile. La vente a connu et connaît des transformations profondes notamment avec l’essor de la vente à distance mais les fonctions sociales du magasin perdurent, comme l’analyse le sociologue Vincent Chabault dans ses travaux.

Leurs textes disent également l’attachement au travail et les grandes attentes qu’il suscite. Comme de nombreux travaux statistiques comme qualitatifs l’ont démontré, le travail – qu’il faut entendre ici comme l’activité professionnelle – demeure chez les jeunes une dimension centrale de leur existence présente et de leurs aspirations pour l’avenir. Réussir sa vie professionnelle reste, particulièrement en début de vie active, une préoccupation prioritaire et engage l’existence tout entière. Très loin d’un rapport purement instrumental à l’activité professionnelle, le choix et la pratique du métier doit mettre d’« être soi » et de « garder la passion ».

Un des éléments qui m’a frappée à la lecture de leur texte est la tension entre la place qu’ils accordent au collectif dans l’activité de travail (« la vente est collective » ; « Réussir à obtenir la confiance / réussir à faire confiance ») et l’aspiration à créer leur entreprise.

Quelles que soient les manières de résoudre cette tension qu’ils et elles trouveront à l’avenir, les lycéennes et lycéens montrent, avec ce recueil, les grandes qualités qu’ils ont déjà pour allier créativité, réflexivité, et travail collectif.

Références :

  • Bene, J. (2019), « Les jeunes face au travail : un regard ambivalent, reflets de disparités », Analyses et synthèses, Injep, n° 24
  • Chabault, V. (2020), Éloge du magasin : Contre l’amazonisation, Paris: Gallimard
  • Couronné J. (2017), « Peu importe, du moment que je travaille ». L’usine comme « goût de nécessité », La nouvelle revue du travail, n° 10
  • Bozonnet J.-P., Galland O. (dir.) (2012), Une jeunesse différente ? Les valeurs des jeunes Français depuis 30 ans, Paris, La Documentation Française