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GIS Gestes

Bouge de là - les errances du monde

Bouge de là - les errances du monde

Note de Claire Lemercier

« Fais encore » : une marche vers l’universel

Je présente ici les poèmes, reproduits dans la dizaine de dernières pages du pdf produit par la classe. Les pages précédentes présentent le processus de production, les éléments qui ont  été utilisés par les élèves pour leur écriture (directement ou plus indirectement – ce qui inclut ma propre participation, comme historienne spécialiste de l’apprentissage dans le passé). Les élèves ont également produit la vidéo « Marcher, toujours marcher », que je ne présente pas ici faute de place, mais qui permet notamment d’entendre leurs voix dire un extrait des poèmes.

Ce n’est pas facile de parler des élèves d’UPE2A-NSA de Massy sans en faire des héro/ïnes ni des victimes. Mieux vaut les écouter et les lire (1).

Un trop long trajet foyer-lycée qui indigne mais aussi amuse, via un concours avec la migration de la sterne arctique. Ça leur est venu grâce à leur prof et aux artistes rencontré·es, sans doute aussi parce que la comparaison lointaine, avec leur passé, avec le vécu des autres de la classe, ils et elles connaissent.

Le début du poème en tire son universalité et sa spécificité. Le but de toute écriture comme de toute lutte sociale… Un ressenti partagé des corps au travail : « tu es penché », les changements de rythme : « J’attends » « Tu vas vite » « ne bouge pas ». Et le « encore », la répétition comme convergence entre trois histoires très différentes.

Car comme dans une bonne chanson d’amour, ces mots dans lesquels tout le monde peut se reconnaître sont tissés avec d’autres très spécifiques des couleurs, des outils, avec des « gratte, tourne, creuse, appuie », des sommes précises aussi. Ce qui prépare le passage où l’on sort des clichés du romantisme ou du bling : « quand même si tu as un peu d’argent, ça assure ton amour » ? Les avis sont partagés.

L’universel « je marche seul », associé à l’ultra située mention de marques ou modèles de chaussures, fait tout autant poésie. Et « mon ventre devant parce que j’ai faim » me restera : ismage neuve alors que chaque mot fait partie du kit de survie en français.