Mouvements d'hier, mouvements d'aujourd'hui
La note d’Annie Jolivet
Voyage à travers les miroirs
« Mouvements d'hier, mouvements d'aujourd'hui », constitué de brèves poésies façon « Haïkus » et de photographies, est un voyage autour du mouvement des élèves en activité à l’atelier, présenté par les élèves de 1ère Maintenance des Systèmes de Production Connectés du Lycée des métiers Nadar.
C’est un livret/diaporama qui étonne et intrigue par la diversité et la richesse des éléments qui se répondent page après page. On y trouve une mise en miroir de peintures de différentes périodes et de photographies prises par les élèves dans leur atelier, en situation de travail. C’est le plus souvent un mouvement similaire (lever les bras, porter une charge, un geste fin des doigts). C’est parfois une posture, dans un environnement différent (balayer dans une maison et dans l’atelier). Parfois encore c’est surtout la forme de l’objet qui place le corps en mouvement dans un angle similaire (le métier à tisser et la grille support).
Les petits textes, qui suggèrent plus qu’ils ne décrivent, sont là pour aider à lire les similitudes, et pour donner à voir le point de vue des élèves. Car c’est leur regard sur leur travail, leurs gestes, mouvements, postures qui nous guide dans le parcours des images[1]. Et qui témoigne du travail accompli pour se représenter au travail[2].
Au fur et à mesure de ce parcours, et plus encore lorsqu’on le renouvelle, on est frappé par la richesse des dimensions mises en valeur. La plus évidente est la dimension temporelle : les tableaux choisis en regard des photographies des élèves font réfléchir à une permanence des gestes, au-delà des évolutions des techniques et des activités. Le regard sur les gestes de maintenance des systèmes de production connectés émerveille lorsqu’il fait le lien avec des activités de couture[3]. En nous confrontant à la réalité de gestes très semblables dans des métiers très genrés, en jouant sur la mise en miroir d’hommes et de femmes au travail, en se montrant filles et garçons à l’atelier, les élèves nous mettent aussi au défi de sortir d’une vision simpliste du genre au travail.
[1] À la différence de représentations du travail par des artistes ou des chercheurs. Voir Jean-Marc Leveratto, « De la peinture des travailleurs au travail du peintre », Images du travail, travail des images [En ligne], 15 | 2023, mis en ligne le 20 juillet 2023, consulté le 19 juillet 2024. URL : http://journals.openedition.org/itti/4374 ; DOI : https://doi.org/10.4000/itti.4374
[2] Voir la présentation du projet, qui détaille les étapes du travail accompli.
[3] Historiquement, les femmes ont été beaucoup employées dans l’électronique pour des tâches fines de montage. La formation à la couture était alors conçue comme une préparation aux tâches de câblage. Voir Catherine Teiger, Liliane Barbaroux, Maryvonne David, Jacques Duraffourg, Marie-Thérèse Galisson, Antoine Laville et Louis Thareaut, « Quand les ergonomes sont sortis du laboratoire.... à propos du travail des femmes dans l’industrie électronique (1963 – 1973) », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé [En ligne], 8-2 | 2006, mis en ligne le 01 octobre 2006, consulté le 19 juillet 2024. URL : http://journals.openedition.org/pistes/3045 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pistes.3045