To move or not to move
Note de Laure Machu
Bouger ou ne pas bouger : mise en scène d’un apprentissage complexe
Les élèves de troisième prépa-métiers du collège des Plaisances abordent de manière astucieuse à la fois la thématique du mouvement qui était demandée cette année, et celle de la transition entre la classe et le monde du travail.
Travailler, à l’école comme en entreprise, c’est mettre le corps en mouvement et le confronter aux objets ou à l’environnement, mais cela exige un apprentissage complexe. Ainsi, la première partie du récit se déroule dans une salle de classe. Le collégien ne peut s’empêcher de gesticuler sur sa chaise et de se lever. Il fait tomber son matériel. Son enseignant se fâche et l’envoie dehors. Cette première séquence fait ainsi écho à ce que savent la plupart des professeurs : enseigner ce n’est pas seulement élever les esprits, c’est aussi dresser les corps ! De la même manière, les contremaîtres des premières usines s’efforçaient de contrôler les déplacements des ouvriers, et tout un tas de règlements d’usines sanctionnent ceux qui circulent sans autorisation. Plus tard, la machine, puis la chaîne permettront de fixer l’ouvrier à son poste de travail, même si elles n’y parviendront pas systématiquement.
Cet apprentissage produit des injonctions contradictoires que ce projet de court métrage restitue de manière assez comique. Une fois en stage, l’élève, prudent, choisit de rester immobile mais se fait de nouveau mettre à la porte par son employeur qui lui reproche sa passivité. Enfin, la production aborde de manière très drôle l’ambiguïté et les dérives du télétravail à la manière dont Charlie Chaplin avait mis en scène celles du travail à la chaîne. Loin du regard et du contrôle exercé par son employeur, à l’abri derrière l’image fixe de l’écran, le salarié peut se penser libre de ses mouvements. Enfin, il peut se mouvoir à sa guise ! Mais cette illusion se dissipe rapidement jusqu’à la chute finale.